Malek Bensmaïl est né à Constantine (Algérie) en 1966. Très tôt, il a tourné des films en Super 8. Depuis ses études de cinéma à Paris et sa formation aux studios Lenfilm à Saint-Pétersbourg, il s’est consacré au cinéma du réel. Tous ses films sont liés à l’histoire de son pays. Son style cinématographique dessine les contours complexes et sensibles de l’humanité. Dans Aliénations (2004), il observe les patients d’un hôpital psychiatrique algérien pour mieux cerner les conflits internes qui travaillent une société toujours marquée par la colonisation et qui peine à définir son identité collective. La tension entre tradition et modernité, ouverture au monde et repli sur soi se trouve reflétée dans les troubles des patients. Pour Le Grand Jeu (2005), Malek Bensmaïl pose sa caméra au sein du QG de campagne d’Ali Benflis, en vue d’une élection présidentielle qui semblait promettre la possibilité d’un renouvellement. Il montre ainsi comment fonctionne une campagne électorale en Algérie et tente d’éclairer la mécanique du pouvoir. Dans La Chine est encore loin (2010), le cinéaste revient à Ghassira, petit village perdu dans les Aurès près duquel périrent les premières victimes civiles de la guerre d’indépendance algérienne. Il livre, à partir de ce « berceau de la révolution », une chronique de l’Algérie profonde en filmant au fil des saisons, les habitants, l’école et les enfants. Pour Contre-pouvoirs (2015), Malek Bensmaïl s’installe au sein de la rédaction du célèbre quotidien El Watan, nécessaire contre-pouvoir à une démocratie vacillante à l’heure où Bouteflika s’apprête à briguer un quatrième mandat. Dans La Bataille d’Alger, un film dans l’Histoire (2017), le cinéaste revient sur l’œuvre mythique de Gillo Pontecorvo. Il rassemble des témoignages de personnes impliquées dans le tournage en 1965 à Alger, mais évoque aussi l’importance du film en France (où il fut longtemps censuré) comme à l’international.