Jean Rouch est né en 1917 à Paris et décédé en 2004 au Niger. Il effectue des recherches ethnographiques au Niger et au Sénégal à partir de 1941. En 1947, il commence à réaliser des films ethnographiques, selon une approche de plus en plus personnelle. Maniant lui-même la caméra, il enregistre les événements dans leur continuité et tourne au cœur de l’action, la caméra à la main. Dans cet esprit son court métrage « Les Maîtres fous », réalisé en 1954, évoque les rites de possession de la secte des Haoukas au Niger. La violence des images et l’analyse du rituel à la lumière du contexte colonial marque les esprits. Le premier long métrage de Jean Rouch, « Moi, un Noir » (1958), illustre l’importance du récit et parfois du romanesque dans sa filmographie. Un jeune Nigérien ayant quitté l’intérieur des terres pour venir chercher du travail en Côte-d’Ivoire raconte sa rencontre avec la ville moderne. Dans « La Pyramide humaine » (1959), les élèves d’un lycée interracial d’Abidjan jouent leur propre rôle et incarnent une histoire faisant apparaître les rapports d’amitié, les relations sentimentales entre Blancs et Noirs. Jean Rouch réalise ensuite avec Edgar Morin l’un des films fondateurs du cinéma direct, « Chronique d’un été » (1960). Conçu comme une expérience participative guidée par la question « Êtes-vous heureux ? », le film capte l’atmosphère de Paris au moment de la crise de décolonisation de l’Algérie à travers une série de portraits. Jean Rouch réalise tout au long de sa vie différents films mettant en scène ses amis nigériens Damouré, Lam et Tallou, notamment « Jaguar » (1953), « Petit à petit » (1970) et « Moi fatigué debout, moi couché » (1997). Il continuera toute sa vie à s’intéresser aux rites et mythes africains, au Niger dans « Horendi » (1972) ou chez les Dogons, au Mali, dans « Sigui synthèse » (1981). Jean Rouch a par ailleurs été président de la Cinémathèque française de 1987 à 1990, avant d’en devenir président d’honneur.