Né en 1941 à Téhéran d’une mère allemande et d’un père suisse, Barbet Schroeder grandit en Colombie avant d’arriver à Paris et de découvrir le cinéma, à l’adolescence, principalement à la Cinémathèque d’Henri Langlois. Il écrit pour les Cahiers du Cinéma et Air de Paris et joue également le rôle d’assistant sur des tournages. En 1963, il crée la société Les Films du Losange et produit notamment les films d’Éric Rohmer. Il passe à la réalisation en 1969 avec More et signe au cours des décennies suivantes de nombreuses autres œuvres de fiction, mais également plusieurs longs métrages documentaires. Dans Koko, le gorille qui parle (1978), il observe un grand singe à qui une étudiante en psychologie de l’université de Stanford, Penny Patterson, apprend le langage des signes depuis son plus jeune âge. Il entame avec Général Idi Amin Dada : Autoportrait (1974) une «trilogie du mal» consacrée à des hommes de pouvoir. Dans ce premier volet, Barbet Schroeder s’intéresse au dictateur ougandais et à la façon dont les puissants se mettent en scène. Il place le spectateur face à un personnage déconcertant sans chercher à orienter son jugement. Dans L’Avocat de la terreur (2007), le cinéaste retrace le parcours de Jacques Vergès à l’aide d’archives, de témoignages et d’entretiens avec l’avocat : celui qui défendit d’abord la militante nationaliste algérienne Djamila Bouhired travaille désormais pour des dictateurs et terroristes en tout genre. L’œuvre remporte le César du meilleur film documentaire en 2008. La trilogie se clôt avec Le Vénérable W. (2016), nouveau portrait d’un personnage paradoxal : Ashin Wirathu, moine bouddhiste respecté et influent qui fut également l’un des initiateurs de la persécution des Rohingyas, minorité musulmane de Birmanie. Barbet Schroeder a par ailleurs achevé en 1987 une œuvre singulière, The Charles Bukowski Tapes, constituée de cinquante-deux fragments de quelques minutes chacun filmés lors de conversations avec l’écrivain américain.