Né en 1930 à Boston, Frederick Wiseman étudie d’abord le droit puis entre dans le monde du cinéma en produisant le film de Shirley Clarke The Cool World. Depuis 1966, il produit, réalise et monte une œuvre prolifique, d’une grande constance stylistique, dans le sillage du cinéma direct. Par un patient travail d’observation et le refus de toute intervention par des commentaires ou entretiens face caméra, Frederick Wiseman a principalement radiographié son propre pays, en s’intéressant notamment à ses institutions, lieux de croisement entre les valeurs régissant la société américaine et les individus qui la constituent. Son premier film, Titicut Follies (1967), décrit les conditions d’emprisonnement dans la prison de Bridgewater (Massachusetts), réservée aux criminels atteints de troubles mentaux. Les violences révélées par le film lui ont valu d’être censuré aux États-Unis pendant 25 ans. Wiseman étudie ensuite un lycée (High School, 1968), un commissariat de police (Law and Order, 1969), un hôpital (Hospital, 1970) ou encore un camp d’entraînement militaire (Basic Training, 1971). En laissant les situations se développer dans la durée, il présente la réalité comme une somme de détails, tous signifiants. L’intérêt du cinéaste pour les questions sociales se maintiendra tout au long de sa carrière, avec par exemple Welfare (1975), sur un bureau distribuant des allocations à New York, mais aussi avec des films portant sur des lieux non institutionnels, tels qu’un grand magasin (The Store, 1983), une station de ski huppée (Aspen, 1991) ou encore une salle de boxe (Boxing Gym, 2010). Depuis quelques années, Frederick Wiseman montre également un intérêt particulier pour les institutions culturelles et réalise des films à Paris (La Danse, le Ballet de l'Opéra de Paris, 2009) ou à Londres (National Gallery, 2013). Dans Belfast, Maine (1999), In Jackson Heights (2015) et Monrovia, Indiana (2018), il pose son regard aiguisé sur des villes ou des quartiers entiers.