Né en 1960 à Barcelone, José Luis Guerín est un cinéaste autodidacte, auteur d’une œuvre qui défie les attentes et les catégorisations. Sa première réalisation, "Los motivos de Berta" (1983), est un film quasi mutique qu’il écrit, monte et produit tout à la fois. Dans "Innisfree" (1990), il part sur les traces de "L’Homme tranquille" de John Ford. "Tren de sombras" (1997) s’inspire de l’expérience vécue par l’écrivain russe Maxime Gorki, décontenancé par les premières images du cinématographe projetées à Nijni-Novgorod en 1896. "En construcción" (2001) dresse une chronique du Barrio chino, quartier populaire de Barcelone où vivent travailleurs, immigrés, squatteurs, prostituées et dealers, au rythme d’un chantier symptomatique de sa transformation. "Guest" (2010) est composé d’images tournées à travers le monde, dans les villes où le cinéaste se trouve invité à présenter son travail. Dans le moyen métrage "Recuerdos de una mañana" (2011), c’est le suicide d’un voisin violoniste qui incite le cinéaste à dessiner le portrait de son quartier en partant à la rencontre de ses voisins. José Luis Guerín réalise ensuite "L’Académie des muses" (2015), film davantage fictionnel centré sur le personnage de Raffaele, philologue qui clame l’importance de la poésie et des Muses dans la naissance du désir et de l’érotisme. Sa proposition controversée déclenche une ronde de débats avec ses élèves féminines. La même année, "Le Saphir de Saint Louis" (2015) fait proliférer des hypothèses à partir d’un tableau exposé dans la cathédrale de La Rochelle. L’objet témoigne de la tragédie du Saphir, encalminé pendant des jours en 1741 alors qu’il transportait 271 esclaves. José Luis Guerín a par ailleurs entretenu une correspondance filmée avec le cinéaste américain Jonas Mekas, qui fut notamment présentée au Centre Pompidou en 2012 sous forme d’installation vidéo.