Né en 1937 à Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne, Peter Nestler a étudié la peinture aux Beaux-Arts de Munich et l’imprimerie à Stuttgart. Il a travaillé en tant qu’ouvrier, marin, acteur, responsable de programmes pour la télévision, peintre et cinéaste, d’abord en République Fédérale d’Allemagne puis en Suède, où il s’installe et travaille pour la télévision dès 1967. Il réalise alors, parfois en collaboration avec son épouse Zsófia, une œuvre caractérisée par une volonté d’aborder des problématiques globales, à travers l’observation, le témoignage et des textes précis, à la fois personnels et factuels. Peter Nestler s’est particulièrement intéressé au rapport des êtres humains aux lieux qu’ils habitent, au travail qu’ils réalisent et à la nature qu’ils exploitent. Les rapports des communautés entre elles, et notamment l’oppression dont sont victimes certains groupes, font également partie de ses préoccupations majeures. Dans cette veine, il réalise notamment Zigeuner sein (1970), qui revient sur l’histoire du peuple tsigane, ou encore Die Folgen der Unterdrückung (1982), qui traite de la résilience en prenant l’exemple des victimes quotidiennes de la dictature chilienne. Certains de ses films abordent des problématiques foncièrement anthropologiques, en convoquant toute une histoire culturelle. Ainsi, Warum ist Krieg? (1969) s’attache à éclairer les causes économiques et idéologiques des guerres tandis que Über das Aufkommen des Buchdrucks (1971) traite de l’imprimerie comme art et comme industrie. D’autres films, comme Die Nordkalotte (1991) ou Fos-sur-Mer (1972), révèlent les mécanismes de grande ampleur qui façonnent les paysages et les groupes humains. Dans La Mort et le Diable (2009), Peter Nestler réunit nombre de ses intérêts en se confrontant au personnage de son grand-père, le comte Eric von Rosen (1878-1948), explorateur et ethnographe suédois. En partant de ses archives, il tisse des liens entre un destin particulier et des dynamiques historiques.