Jacques Kebadian est né en France en 1940, de parents arméniens ayant émigré dans les années 1920. En 1964, il obtient son diplôme de l’Idhec. De 1965 à 1969, il est l’assistant de Robert Bresson sur les films Au hasard Balthazar, Mouchette et Une femme douce. Dès son premier long métrage (Trotski, 1967), il se tourne vers le cinéma documentaire.

À partir des années 1980, après le décès de son père, Jacques Kebadian éprouve le besoin de faire un retour sur ses origines, de rencontrer le pays mythique qu’il lui racontait. Il réalise en 1981 Arménie 1900, qu’il lui dédie. En 1982, il est l’un des fondateurs de l’AAA (Association Audiovisuelle Arménienne), dont l’objectif est de diffuser les films de cinéastes d’Arménie et de la diaspora. Plusieurs films essentiels ayant trait à l’Arménie et son histoire voient le jour, à commencer par Sans retour possible (1983) et Que sont mes camarades devenus (1984). Les Cinq Sœurs en 1985, Mémoire arménienne en 1993 et enfin Vingt ans après en 2000 complètent ce retour à ses racines.

Jacques Kebadian s’intéresse à l’histoire des peuples déracinés, exilés, non seulement celle des Arméniens et de leur diaspora, mais aussi celle des danseuses du ballet royal du Cambodge après le génocide khmer rouge (Apsaras, 1986) ou des familles africaines sans papiers (D’une brousse à l’autre, 1997). De La Fragile Armada (2004), film sur la marche des zapatistes à travers le Mexique, il dit : « Une chance de changer de point de vue, une autre perspective, une autre géographie, un autre calendrier, d’autres langues aussi qui ne disent jamais la même chose. Chercher l’universel en terre indienne. Les Indiens, les Indiens que nous sommes tous, étrangers sur notre propre terre. » Dans Guyotat en travail (2011), Jacques Kebadian filme l’écrivain, qu’il a suivi pendant plus de dix ans, en train de composer son livre Arrière-fond, puis lors d’une performance au Festival d’Avignon.