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Djamilia jeune fille

Djamilia

Au Kirghizistan, le film part à la recherche de Djamilia, le personnage principal du roman de Tchinghiz AÏtmatov, une jeune fille en rupture avec les règles de la société khirghize. Nous rencontrons des femmes qui nous parlant de Djamilia, libèrent une parole intime, nous parlent de leurs désirs, de règles et de liberté.

Admiré du poète Aragon, le court roman de l’auteur kirghiz Tchinguiz Aïtmatov, publié en 1958 et presque simultanément traduit en français, raconte l’initiation amoureuse de la jeune et belle Djamilia dans le milieu strictement patriarcal de la paysannerie, à l’heure où les hommes, et parmi eux le mari de Djamilia, sont partis combattre l’Allemagne nazie. Comme plusieurs autres œuvres d’Aïtmatov, toutes ancrées dans le quotidien des Kirghizes et dans le décor somptueux des steppes de l’Asie centrale, "Djamilia" a été adapté au cinéma, ce qui a contribué à faire connaître le roman très largement et en particulier auprès des populations locales.

C’est cette surprenante popularité du personnage qui a ouvert à Aminatou Echard, ethnomusicologue et documentariste, les portes de nombreuses maisons de Bichkek, la capitale du Kirghizistan, et des villages autour de Djalalabad, lui permettant de s’atteler à un projet inédit : témoigner de la condition actuelle des femmes dans un pays marqué par la tradition du mariage précoce – terrible coutume de l’enlèvement de la mariée - et par l’influence forte de la religion. L'usage de la pellicule Super 8 introduit un effet impressionniste et romantique dans le film, qui le rapproche du roman d'Aïtmatov. Cet effet plastique d'une beauté inouïe, dans lequel on peut voir un hommage passionné à l'Asie centrale, est mis au service de la cause féministe, valorisant le courage, la tenacité des femmes et militant pour leur émancipation.

L'avis du bibliothécaire

Marc Guiga, Catalogue Images de la culture (CNC)
Membre de la commission nationale coordonnée par Images en bibliothèques

« Djamilia a été enlevée et mariée sans être amoureuse. Quand son mari est parti à la guerre, elle est tombée amoureuse de Daniar et elle est partie avec lui. C’est une jeune Kirghize qui avait de la volonté » nous dit en préambule une voix de femme. Sur de magnifiques images aux couleurs chatoyantes, tournées en Super-8 (paysages de campagne ou urbains, intérieurs modestes, femmes posant devant la caméra), Aminatou Echard déroule en off les témoignages de femmes kirghizes de tous âges, qui parlent de leur mariage « arrangé » (concrétisé littéralement par un enlèvement), de leur mari, de leur belle-famille qui les maltraite, de l’amour et de la liberté qu’elles n’auront pas connus, et, la voix joyeuse, de Djamilia, l’héroïne du roman éponyme de Tchinguiz Aïtmatov paru en 1958. Toutes l’adorent car elle, elle a choisi sa vie. « Ah si je pouvais un jour être Djamilia ? » dit l’une en riant. « Si on racontait tous nos regrets, ça remplirait un livre » dit une autre. Optimiste malgré la cruauté des traditions qui perdurent, le film se termine par un véritable réquisitoire contre la négation des femmes, chanté d’une voix volontaire par une jeune fille du Girls Activists of Kyrgystan.

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Pour aller plus loin, consulter le dossier de presse du film - ©529 Dragons

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