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La Balade d'Oppenheimer Park

La Ballade d'Oppenheimer Park

La Balada del Oppenheimer Park

«L’est du centre-ville de Vancouver est l’une des plus grandes concentrations de communautés natives du Canada urbain. Oppenheimer Park, cimetière indien avant la colonisation, est au centre de ce quartier que certains considèrent comme la plus grande réserve canadienne.»

Avec un sens aigu du cadre, Juan Manuel Sepúlveda se tient dans les limites de ce parc et y filme le quotidien de Harley, Bear, Janet et Dave. Quotidien ? En réalité chacun des gestes de ces personnes visiblement déplacées, sans logis, relève du rituel. «Vous êtes en terre native confisquée !», entend-on au loin, peu après avoir vu un chariot de western prendre feu… Désocialisés, exsangues, les usagers du lieu ne jouent pas sur une quelconque image du Peau-Rouge. Ils viennent d’ailleurs de tribus différentes («Retourne dans ta réserve ! – Et toi dans la tienne !» se lance-t-on quand on a trop bu). Mais le cinéaste saisit avec précision leur conscience douloureuse du folklore: les effigies en carton grandeur nature de chefs indiens célèbres surgissent parfois entre deux bancs, contrastant avec les corps alourdis par l’alcool. Un dernier rite, perçu comme une dégradation par une intervenante qui reste hors-champ, finit de réinvestir symboliquement ce parc où la société non-native ne semble venir que pour "recadrer" les natifs, les tenir, pour ainsi dire, en réserve.

(extrait du catalogue Cinéma du réel 2016)

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